Publié le 02.07.2021

Les clefs d'une bonne candidature ERC

Le taux de succès moyen des appels ERC est d'environ 12%. Pour rentrer dans la compétition, un projet doit répondre aux attendus et aux caractéristiques de l'appel, qu'il est important de bien comprendre et de prendre en compte lors de la constitution d'un dossier de candidature.

Les rubriques suivantes fournissent un ensemble de conseils pour aider les chercheurs et leurs accompagnants dans les étapes de préparation et de dépôt d'un projet ERC.

Comprendre les appels ERC

Au sein du pilier 1 "Excellence Scientifique" de Horizon Europe, les appels du Conseil Européen de la Recherche sont des appels de type "bottom-up", ouverts à toutes les disciplines (et tous les parcours) scientifiques, sans contrainte thématique.

Cette excellence doit être entendue à deux niveaux, à savoir :

  1. l'excellence du projet (l'idée et sa mise en place)
  2. l'excellence du candidat (à fort potentiel pour les plus jeunes ou leader dans leur domaine pour les seniors).

Le projet de recherche doit être ambitieux, en rupture, susceptible d'amener à des progrès scientifiques ou technologiques importants, pour permettre d'aller au-delà des frontières actuelles de la connaissance. En raison du fort gain (avancées) attendu, le projet doit aussi comporter des risques, inévitablement présents, mais qui doivent être réfléchis, compris, et maîtrisés, avec des propositions de solutions de contournement.

Il ne suffit pas de  "compléter", "mieux faire" ou "mieux comprendre" une étude en cours...

  • ... il faut aller plus loin, vouloir lever UN verrou scientifique, mettre en œuvre UNE idée ou approche résolument nouvelles, ou encore cibler UNE véritable avancée scientifique ou méthodologique d'intérêt pour une communauté.

Pour autant, et pour être convaincant, le projet doit rester "faisable". 

Un projet ERC doit cibler UNE question centrale autour de laquelle viennent s'agréger des briques (tâches, outils) fortement corrélées, et complémentaires, choisies pour y répondre ; il ne peut s'agir d'un ensemble de questions juxtaposées, plus ou moins indépendantes les unes des autres. 

Avec dorénavant plus de 10.000 lauréats, l'ERC met à disposition de nombreux exemples de succès qui peuvent être consultés pour mieux comprendre ce que recouvrent les termes d'excellence, de rupture et d'innovation.

S'informer sur la mission de l'ERC et écouter des retours d'expérience constitue une première étape vers une candidature.

La maîtrise des appels passe ensuite par une bonne compréhension des contenus du dossier mais aussi des processus de soumission et de sélection, (voir plus bas) pour 1) bien intégrer l'ensemble des spécificités liées à l'appel, 2) s'adapter au calendrier et 3) construire le projet de manière à ce qu'il réponde en tous points aux attentes des évaluateurs.

  • Avant de démarrer la rédaction d'un projet ERC, il est important de lire (et comprendre) les documents clefs de l'appel.
  •  La catégories de financement ERC varie selon l'avancement du candidat dans sa carrière.
  • Les cellules Europe des Institutions d'Accueil sont là pour vous aider.

Voir aussi les vidéos de l'ERC :

Identifier ses forces

Les chances de succès d'un projet ERC sont d'autant plus importantes qu'il contient les éléments à même de convaincre les évaluateurs de sa qualité, tant au niveau du projet scientifique que du candidat. Il est donc important, en amont de la constitution d'un dossier de candiature, de faire son auto-évaluation pour identifier ses forces et être ainsi en mesure de les structurer et de les mettre en lumière, aux bons endroits dans le document.

Une analyse détaillée, par le candidat lui-même, de son parcours scientifique est toujours utile et permet notamment de :

 

  • faire un bilan, non seulement bibliométrique mais aussi en termes de d'implication dans des d'actions collaboratives ou d'encadrement, nationales ou internationales,
  • lister (sans en oublier) ses compétences, ses spécificités, ses réussites,
  • repenser à des éléments positifs méritant d'être mentionnés, même si mineurs à première vue,
  • vérifier l'adéquation de l'expertise (scientifique et technique) avec les besoins du projet,
  • faire ressortir des capacités consolidant la faisabilité du projet,
  • etc.

Le bilan issu de cette auto-évaluation dépend de l'avancement de carrière du candidat dont les experts doivent tenir compte lors de l'évaluation : ainsi, les attendus ne sont pas les mêmes pour un jeune chercheur débutant (en tout début de catégorie starting), récemment installé dans sa thématique (consolidator) ou déjà confirmé (advanced).

Parmi d'autres, des questions préalables à se poser (et auxquelles répondre) sont aussi :

MON PROJET

  • Pourquoi mon projet est-il scientifiquement important ? Quel verrou précis lève-t-il ?
  • En quoi va-t-il au delà de l'état de l'art ?
  • Quel sera le gain (les avancées) en terme de connaissance, d'impact concret, ou autre... ?
  • Pourquoi est-ce le bon moment ? Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait dans le passé ? Pourquoi est-ce réalisable maintenant ?
  • Quel est le risque ? Est-il justifié face au gain attendu ? Comment le gérer ?
  • Quelle est ma stratégie ? Est-elle pertinente ? Les méthodologies choisies sont-elles les bonnes ?

MON PROFIL

  • Quelles est ma place dans le domaine, notamment à l'international ?
  • Suis-je capable (et ai-je envie) de manager, en responsabilité, un projet de 5 (ou 6) ans avec un budget conséquent ?
  • Pourquoi suis-je la meilleure/unique personne pour mener à bien ce projet ? Quels sont mes atouts ?
  • En quoi puis-je être identifié comme un leader dans mon domaine (pour la catégorie des chercheurs confirmés) ?

A SAVOIR : les questions auxquelles doivent répondre les évaluateurs sont parfaitement connues à l'avance (détaillées dans le programme de travail en cours,  disponible dans la page calendrier des appels). Prendre le temps d'y répondre en "se mettant à la place de l'évaluateur" aide à affiner aux mieux son argumentaire au regard des critères de sélection.

Choisir le bon moment

Candidater à l'ERC suppose avant tout de disposer d'un projet (une idée) scientifique répondant aux critères de rupture et d'excellence scientifique de l'ERC. L'ensemble doit être pertinent, réfléchi, mûri le temps qu'il faut, et consolidé, pour que les verrous posés et les moyens proposés pour les lever soient cohérents, crédibles, innovants au regard de l'état de l'art...et au bout du compte, convaincants.  

  • Soumettre un projet non abouti, dans la précipitation, pour cause de date limite de soumission qui approche, c'est prendre le risque de se voir attribuer une note C et de devoir alors attendre 2 années avant de pouvoir postuler à nouveau.
  • A l'inverse, attendre une année, si le projet n'est pas suffisamment mûr, et mettre à profit l'année en question pour le consolider, est une stratégie souvent gagnante.

La consolidation peut par exemple consister en un effort de structuration et d'écriture du projet (suivie de relectures), en l'obtention de preuves de concept pour assoir sa faisabilité, ou encore, pour les plus jeunes chercheurs, en une démonstration supplémentaire d'indépendance pour renforcer le dossier du candidat (nouveaux encadrements, gestion de projet, publication en son nom...).

Une fois le projet "mûr", il est préférable de ne pas attendre pour :

 

  • maintenir sa propre dynamique, dans une perspective de dépôt,
  • préserver le caractère de rupture du projet (qui pourrait s'émousser avec le temps),
  • augmenter ses opportunités de resoumission,
  • capitaliser autant que possible sur l'expérience (grâce notamment aux conseils tirés de rapports d'évaluation issus de tentatives précédentes),
  • pour les plus jeunes, "sortir moins vite" des catégories d'appels starting (StG) et consolidator (CoG) qui couvrent une période d'éligibilité relativement courte (5 ans chacune, soit 10 ans au total). 

Des statistiques publiées régulièrement par l'ERC montrent que les taux de succès moyens augmentent lors de resoumissions.

De plus les taux de succès restent relativement stables tout au long des fenêtres d'éligibilité ; en particulier, il n'existe pas de gap entre les catégories Starting (StG) et Consolidator (CoG), contrairement aux idées fréquemment reçues.

En d'autres termes, le bon moment pour candidater est celui où le projet est "mûr" ; si tel est le cas, ne pas attendre la dernière année d'éligibilité dans une catégorie, cela n'augmente aucunement les chances de succès !

S'organiser - Se faire aider

Une fois prise la décision de candidater, la première entité à contacter est l'institution d'accueil (généralement son employeur) qui s'engage à soutenir le candidat sur tous les aspects administratifs et de gestion du projet. C'est notamment elle qui fournit la lettre d'engagement de la HI (Host Institution), requise dans un dossier ERC.

La plupart des structures de recherche en France (organismes, universités, écoles, instituts, etc.) disposent d'une cellule Europe dans laquelle travaillent des personnes formées au montage et au suivi des projets européens et qui en connaissent bien les rouages. Elles sont là pour aider les candidats à comprendre les documents de l'appel et les accompagnent dans le processus de soumission.

Contacter la cellule Europe de son institution d'accueil le plus tôt possible, pour qu'elle soit informée, et pour bénéficier de son appui dès les premières étapes de mise en place du projet.

Un projet ERC a d'autant plus de chances de réussite qu'il répond aux attendus de l'appel, tant en terme de qualité scientifique du projet que du candidat ; son contenu, sa présentation et sa clarté sont aussi des éléments décisifs auxquels il faut dédier le temps nécessaire pour aboutir à une mise en forme solide, convaincante et répondant à tous les critères importants de l'appel.

Pour être prêt avant la date limite de soumission, et éviter les ajustements de dernière minute (jamais bon), il est important de :

 

  • commencer "tôt" (au moins 6 mois avant),
  • faire un rétroplanning (s'y tenir!) pour s'assurer de disposer du temps nécessaire à chaque partie du dossier, 
  • prévoir des temps de relecture (une fois le projet scientifique mis en forme) pour peaufiner le document, simplifier les explications, les compléter si besoin, et lever les ambiguïtés (souvent nombreuses lors d'un premier jet).

Multiplier les relectures du projet scientifiques (parties B1 et B2, voir plus bas) en s'appuyant sur :

 

  1. le candidat lui-même : relire un document à tête reposée (après avoir "oublié" le projet quelques temps) permet presque toujours d'identifier des  écueils, incohérences, lourdeurs ou encore l'absence de détails pourtant importants ;
  2. des pairs, dont l'expertise scientifique peut être précieuse pour relever des questions scientifiques de fond méritant d'être soulevées (et traitées !) pour consolider le projet ;
  3. d'anciens lauréats, dont l'avantage est qu'ils se sont déjà soumis à l'exercice et sont les mieux expérimentés en matière d'ERC ;
  4. des relecteurs non scientifiques (ou issus d'autres disciplines), importants pour mettre le doigt sur des explications et justifications "trop spécialisées", difficilement compréhensible par des personnes non expertes du domaine (et il y en aura parmi les évaluateurs de la première étape de sélection !).

Certaines institutions d'accueil proposent des relectures du projet scientifique, ne pas hésiter à en faire la demande, le cas échéant (se renseigner auprès de la cellule Europe). 

S'ils en ont le temps, solliciter aussi d'anciens lauréats qui répondent souvent positivement à des candidats faisant appel à eux pour les conseiller et éventuellement relire leur projet ; en cas de besoin, utiliser la base de données de l'ERC pour identifier des lauréats en proximité thémathique ou géographique.

NE PAS OUBLIER : un projet est d'autant plus facile à lire (et convaincant) qu'il est bien structuré et agréablement présenté : éviter un texte trop dense, aérer, insérer quelques illustrations pertinentes (et aisément compréhensibles à partir du texte lui-même), ... 

Le Point de Contact National ERC (PCN ERC) est là pour informer la communauté scientifique, sur l'ensemble du territoire, et pour répondre aux questions.

Contenu du dossier

Le dossier de candidature à l'ERC est spécifique à chacun des types d'appels individuels (StG, CoG et AdG) ou collaboratif (SyG) et disponible une fois l'appel ouvert (voir exemple de l'appel ERC-2021-AdG). Il est  constitué de 4 parties* (voir détail de chaque partie dans les sections suivantes), classées successivement au sein du dossier de soumission :

  1. Le formulaire à remplir en ligne, appelé Partie A, qui couvre les aspects administratifs liés au dossier ;
  2. Le projet scientifique concis, appelé Partie B1, qui comprend un abstract, un synopsis (résumé du projet sur 5 pages), un CV (2 pages) et un track-record (2 pages) ;
  3. Le projet scientifique détaillé, de 14 pages, appelé Partie B ;
  4. Les annexes, qui sont des documents à télécharger.

 * Les appels Proof-of-Concept (PoC), qui visent des financements additionnels dédiés à de l'innovation, ne sont pas considérés ici (exemple de dossier  ERC-2022-PoC1).

La soumission se fait en ligne sur le portail du participant.

Parties administratives (A et annexes)

Partie A

La partie A est un formulaire à remplir en ligne en interaction étroite avec l'institution d'accueil qui dispose de tous les outils pour aider le candidat ; il contient l'ensemble des informations administratives et budgétaires sur le projet :

  1. des informations générales : titre, durée, mots clef, résumé (que l'on retrouve dans la partie B1), etc. ;
  2. la liste des organisations impliquées (et les données associées, dont leur numéro d'identification), une déclaration relative à l'existence d'un plan d'égalité de genre (devenu obligatoire), et des informations sur le porteur de projet (PI) ;
  3. le budget, associé à un texte explicatif (de 8000 mots) qui sera mis à disposition des évaluateurs et doit donc être en cohérence avec les besoins du projet ;
  4. deux questionnaires d'auto-évaluation sur les questions éthiques et de sécurité, à remplir dès que la thématique du projet s'y prête : ces aspects n'interviennent pas de manière directe lors de l'évaluation mais seront ensuite vérifiés en détail par un comité si le projet est retenu ;
  5. des questions additionnelles et notamment la possibilité de demander l'exclusion de trois noms d'experts.

Annexes

Ce sont des documents à joindre au dossier par téléchargement :

  1. la lettre d'engagement de l'institution d'accueil (Host Institution Commitment) est obligatoire ; elle doit être signée par la personne habilitée juridiquement à le faire (ne pas faire la demande au dernier moment, prévoir le temps nécessaire !) ;
  2. le diplôme de doctorat pour les candidats StG et CoG (justificatif d'éligibilité) ;
  3. les attestations ad hoc en cas de demande d'extension d'éligibilité (maternité, longue maladie...) ;
  4. d'éventuels documents liés à l'éthique ou à la sécurité (si pertinent) ;
  5. d'éventuels documents attestant de l'accord des partenaires de participer au projet (non obligatoires dans le dossier mais ils doivent exister pour pouvoir être produits si demandés) ;
  6. etc.

A savoir :

  • les documents en annexe ne sont pas transmis aux évaluateurs ; il est donc inutile d'y glisser des documents scientifiques qui n'auraient pu être insérés dans les parties B1 et B2 faute de place, ils ne seraient pas pris en compte !!!
  • à compter de 2021, l'intégration dans le projet d'un plan de gestion des données est requis ; un plan d'égalité des genres devient aussi obligatoire pour les institutions d'accueil publiques de recherche et d'enseignement supérieur.

Parties scientifiques (B1 et B2)

Les "Parties B1" et "Parties B2" sont les deux document qui décrivent le projet scientifique. Ils sont au cœur du dossier de candidature. Chacun a un rôle bien précis lors du processus d'évaluation (détaillé section suivante) et leur contenu et mise en forme doivent donc être conçus en conséquence.

Partie B1

Voir aussi la vidéo des ERC Classes : "How to write Part B1 of your proposal"

  • la partie B1 est la seule à être évaluée (par le panel) lors de la première étape de sélection : en dépit de sa concision (projet scientifique décrit en 5 pages), elle doit donc donner une vision complète du projet ;
  • l'enjeu est de convaincre, avec pédagogie, un groupe d'évaluateurs multidisciplinaire (le panel) de l'intérêt et du caractère de rupture du projet, de sa faisabilité, et du bon équilibre entre les avancées attendues et la prise de risque ;
  • c'est aussi ici que la qualité du porteur et sa capacité à mener à bien le projet est analysée.

La partie B1 est constituée des éléments suivants :

  1. une page de garde contenant un résumé (2000 caractères au maximum) ; celui-ci représente la "porte d'entrée" du projet et doit rapidement capter l'attention, donner confiance et l'envie "d'aller plus loin" ; le résumé est à terme rendu public si le projet est lauréat ;
  2. un "Extended synopsis" (résumé du projet sur 5 pages), qui doit présenter les enjeux, le caractère innovant, la stratégie et la méthodologie scientifiques dans leur globalité ; tous les éléments importants, y compris de faisabilité ou de prise de risque, doivent y figurer (les évaluateurs n'ont que ce document  en main pour se faire une idée !) ; les explications doivent être claires et compréhensibles d'un large public (beaucoup de membres du panel - si ce n'est tous - ne sont pas des spécialistes du domaine) ;
  3. un Curriculum Vitae (2 pages), établi sur la base du modèle proposé par l'ERC (aide l'évaluateur à s'y retrouver) ; insister sur les rubriques mettant en avant les points forts du candidat ; être concis, complet (tout accomplissement passé peut être un plus) et éviter le jargon national (de type HdR, IUF, ANR, grandes écoles, etc.) qui peut rester obscur pour des lecteurs internationaux : traduire pour rendre le message compréhensible ;
  4. un tableau "Funding ID Table" listant les projets en cours ou soumis ;  le remplir de manière à illustrer le dynamisme du candidat tout en évitant toute ambiguïté pouvant laisser penser que la question visée est déjà traitée ; un projet en cours sur un sujet proche peut cependant être positif s'il s'agit d'obtenir des preuves de concept renforçant la faisabilité ;
  5. une notice de titres et travaux (2 pages), appelé "Early-Achievement Track-record" (StG et CoG) ou "10 years Track-record" (AdG), listant un choix strictement limité de publications  (5 et 10 respectivement, et pas plus !) et autres productions ; c'est le lieu pour le candidat où mettre en lumière ses atouts, selon un mode de présentation qui reste libre ; un court paragraphe personnalisé ("mon parcours") peut aider à faire ressortir des points marquants, pour fournir ainsi "clefs en main" à l'évaluateur les éléments les plus favorables (scientifiques, techniques, de reconnaissance, d'adéquation avec le projet, etc.).

A GARDER A L'ESPRIT : les attendus du CV et du track-record ne sont pas les même pour  :

  • les catégories StG&CoG (qui doivent démontrer leur indépendance et leur capacité à gérer le projet),
  • la catégorie AdG (qui doit démontrer un leadership dans la discipline et une dynamique d'entraînement auprès des jeunes générations).

Partie B2

Voir aussi la vidéo des ERC Classes : "How do we evaluate your proposal"

  • la partie B2, à savoir le projet scientifique détaillé (en 14 pages), n'est  évalué que si le projet passe en seconde étape (appels StG, CoG, AdG) ou troisième étape (appels SyG) d'évaluation ;
  • l'enjeu (avancées attendues) du projet, son positionnement dans l'état de l'art, la stratégie proposée et la méthodologie suivie doivent être décrits de manière très précise ;
  • il s'agit à nouveau de convaincre les membres du panel (qui seuls décident du classement final) mais surtout les spécialistes du (des) domaines(s) qui sont sollicités pour expertiser le projet et transmettre un rapport dont le panel dispose lors de l'audition du candidat.

Quelques recommendations pour l'écriture de la Partie B2 : 

  1. ETAT DE L'ART : faire preuve d'une excellente connaissance du contexte actuel, sans diluer, en n'insistant que sur les aspects pertinents par rapport à la question posée ; faire comprendre en quoi le projet permettra d'aller au-delà, en terme de connaissances scientifiques ou techniques, et en quoi l'idée est innovante ; ne pas oublier de considérer les projets ERC déjà financés ;
  2. STRATEGIE : définir l'approche choisie et expliquer en quoi elle permettra d'apporter des solutions ; en souligner les avantages par rapport à d'autres possibilités ;
  3. STRUCTURATION : décrire l'organisation du projet, en repartant de la question centrale (qui constitue la colonne vertébrale de l'ensemble), définir les tâches (à partir éventellement de sous-questions), puis dérouler les étapes une à une (tâches, work-package..) selon un articulation adaptée au projet (briques qui se complètent façon puzzle, étapes successives avec un niveau de risque pouvant croître progressivement,  etc.).
  4. METHODOLOGIE : le plan expérimental et les étapes envisagées doivent être parfaitement explicités, précis et justifiés (jusqu'au détail du choix des composés, modèles, dimensions, conditions expérimentales, etc.) ; il s'agit de proposer un projet "clefs en mains" : au regard du budget important alloué, le projet ne peut rester flou ou imprécis, il doit donner confiance et convaincre les évaluateurs que le candidat sait où il va,  pour toute la durée du projet.

LA NOTION DE "HIGH RISK / HIGH GAIN" : déjà analysée à  la première étape d'évaluation, elle reste importante et doit à nouveau être discutée dans le document B2, à toutes les étapes méthodologiques ; des solutions de contournement doivent être proposées pour chaque risque identifié.

Voir aussi la vidéo des ERC Classes : "How to write Part B2 your proposal"

L'évaluation - Les panels

Les projets de recherche exploratoire ERC individuels (StG, CoG et AdG) sont évalués en deux étapes*.

* pour les projets collaboratifs SyG, une étape préliminaire supplémentaire permet d'identifier les thématiques couvertes pour constituer des panels adaptés.

Etape 1 de l'évaluation

Celle-ci repose sur l'évaluation du seul document B1 ; elle est assurée par les comités d'évaluation appelés "panels", terme utilisé aussi pour définir la structuration en 27 domaines de toutes les disciplines scientifiques (les appels ERC sont ouverts, sans contrainte thématique) .


A chaque appel, 27 panels (comités d'évaluation) sont constitués et la composition de leurs membres est publiée une fois l'appel clos. Chacun comprend 16 à 18 scientifiques (dont un Président de panel) qui siègent tous les deux ans, avec un renouvellement d'environ un tiers à chaque fois.

Les expertises respectives des membres d'un panel couvrent les sous-disciplines de ce panel, qui sont nombreuses. Chaque comité est donc relativement pluridisciplinaire. En étape 1, le projet (en l'occurrence sa partie B1, seule à être évaluée à ce stade) doit dès lors être très pédagogique, pour être compréhensible y compris par des non spécialistes du domaine.

Dans chaque panel, les projets sont répartis et chaque projet est lu par environ 4 membres qui font un rapport. La première sélection est ensuite faite en réunion  plénière, après discussion de l'ensemble des projets. Le nombre de projets retenus pour passer en étape 2 correspond à 2,5 à 3 fois le budget de l'appel. 

Les projets non retenus sont notés B (bonne qualité mais insuffisante pour passer à l'étape suivante) ou C (qualité insuffisante), et les candidats reçoivent leur "Evaluation Summary Report" (ESR, voir explications dans la section "après les résultats")  ; ces candidats sont soumis à une période d'attente d'un (B) ou deux (C) ans avant de pouvoir déposer à nouveau leur projet. Les candidats des projets retenus sont invités à l'audition (y compris ceux de la catégorie Advanced Grants à partir de l'appel ERC-2021-AdG).

Etape 2 de l'évaluation

Lors de la seconde étape d'évaluation, les panels sont assistés par des scientifiques spécialistes du domaine (environ 5 à 8 par projet), sollicités sur la base de leur expertise. Ils interviennent en amont de l'audition, et rédigent un rapport (généralement très détaillé) qui s'ajoute à ceux élaborés par quelques membres du panel (souvent 2 à 3 par projet). Tous ces rapports (i.e. 8 à 10 par projet) sont ensuite analysés par un rapporteur (un membre du panel) et pris en compte par le panel lors de la phase d'audition du candidat (détaillée dans la section suivante).

Une fois tous les candidats auditionnés, le panel procède au classement, en réunion plénière. Les projets sont alors répartis en trois lots : les lauréats, les notes A (recommandé pour financement si le budget est disponible) et les notes B (répond à des critères d'excellence mais pas à tous). Les candidats reçoivent pour finir leur ESR (rapport d'évaluation), généralement très informatif (et utile pour une nouvelle tentative ultérieure), notablement plus riche qu'après un échec en étape 1 (car contenant de nombreuses expertises, faites en outre par des spécialistes du domaine).

Le panel, seul, décide du classement final.

L'audition

L'audition a lieu à Bruxelles (ou en visioconférence, comme c'est le cas actuellement). Les frais de déplacements (s'il y en a) sont couverts par l'ERC.

Les membres de l'ERCEA (Agence Exécutive de l'ERC) accueillent les candidats et mettent tout en oeuvre pour les aider en cas d'éventuelles difficultés techniques.

Voir la vidéo des ERC Classes : "How to prepare your ERC Interview"

La présentation

L'entretien débute par une présentation dont les contours (durée, format) sont définis à l'avance (dans la convocation) et doivent être parfaitement respectés : ne pas finir une présentation dans le temps imparti est ainsi immédiatement sanctionné puisque elle sera interrompue selon le timing prévu, sans possibilité de la terminer.

Le contenu doit aussi être très travaillé pour que tous les éléments importants du projet y figurent dans un ordre cohérent, clair et dynamique. Le message passera d'autant mieux que le candidat saura transmettre sa passion, son envie, sa conviction dans le projet, tout en démontrant sa solidité scientifique, sa connaissance du domaine et son recul.

Il est donc important de s'entrainer ! Pour cela, s'appuyer sur ses pairs mais aussi sur les structures d'appui de l'institution d'accueil (ou autre)  susceptibles d'organiser des coaching ou des "oraux blancs" (voir "Appuis nationaux aux candidats à l'ERC").

Les questions

Les premières questions sont généralement posées par le rapporteur du projet (membre du panel qui a analysé l'ensemble des rapports).  Elles sont issues des rapports des experts, particulièrement à même de relever la qualité scientifique, ou au contraire des faiblesses ou incohérences dans les approches ou méthodologies. Bien comprendre la question (la faire répéter si besoin), et être précis et court dans la réponse, sans oublier qu'il peut n'y avoir aucun spécialiste dans la salle (trop de détails - que personne ne comprendrait - peuvent être contre-productifs) ; si la réponse ne suffit pas, elle sera reposée (et complétée). Répondre avec assurance (mais sans arrogance), pour montrer sa compétence sur le sujet, sa maîtrise du projet, sous tous les angles abordés.

Viennent ensuite des questions par les membres de panel (certains peuvent ne pas avoir lu le projet et intervenir sur la base de la seule présentation). Les questions peuvent être très générales, liées à des aspects inattendus, non scientifiques, éventuellement redondantes, ne pas se laisser déstabiliser (!) :  il s'agit d'un échange avec des pairs dont l'objectif est de sélectionner les leaders scientifiques européens de demain. A nouveau, faire des réponses concises pour permettre à tous les membres du comité qui souhaiteraient poser des questions de pouvoir le faire.

  • La séance Q&R relève souvent d'un exercice de type "ping-pong" : s'y préparer !
  • Lister (et résoudre) à l'avance à toutes les questions potentielles, notamment celles issues d'éventuelles faiblesses de la partie B2 (qu'il faut relire - et faire relire - avec attention avant l'audition).


Après les résultats

Cette partie sera complétée prochainement

Conseils pour les accompagnants

A venir à l'automne 2021