À mi-chemin de son déploiement (2021–2027), Horizon Europe, le programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation, livre un bilan très encourageant. La Commission européenne souligne dans sa communication du 30 avril 2025 que les investissements consentis dans le cadre du programme génèrent une valeur économique et sociétale significative, avec un retour sur investissement estimé jusqu’à 11 fois supérieur aux coûts engagés.
Porté par des projets d’excellence, des avancées technologiques notables et une volonté de renforcer la cohésion européenne, Horizon Europe consolide la place de l’Union en tant que puissance scientifique mondiale.
Un programme stratégique au service de la compétitivité européenne
Horizon Europe a été conçu comme un levier fondamental de compétitivité, dans la droite ligne des recommandations des rapports Draghi et Letta. En trois ans, le programme a permis de financer plus de 15 000 projets pour un montant cumulé de 43 milliards d’euros. Ce soutien s’est traduit par des avancées majeures dans les domaines de la santé, du climat, du numérique ou encore de la sécurité civile.
L’évaluation atteste d’un rapport bénéfices/coûts remarquable :
- Chaque euro investi génère jusqu’à 6 € de bénéfices sociétaux ;
- Chaque euro de contribution de l’UE pourrait produire jusqu’à 11 € de croissance économique d’ici 2045.
Excellence scientifique et percées technologiques
Le Conseil européen de la recherche (ERC) confirme son rôle moteur : 80 % des projets financés ont conduit à des percées scientifiques. Le soutien massif au deep tech via le Conseil européen de l’innovation (EIC) permet quant à lui d’attirer plus de 3 € de capitaux privés pour chaque euro investi.
À titre d’exemple, le programme a :
- Soutenu l’imagerie du trou noir M87 via le projet BlackHoleCam ;
- Financé des technologies d’intelligence artificielle accessibles à tous via AI4LIFE ;
- Accompagné des startups prometteuses dans les secteurs quantique, biomédical et énergétique, certaines devenues des « centaures » (valorisation > 100 M€).
Une ambition collaborative renforcée et plus inclusive
L’un des enseignements majeurs du bilan réside dans le rééquilibrage de la participation entre États membres. Les pays dits « Widening », historiquement sous-représentés, bénéficient désormais de 14 % des financements (contre 9 % sous Horizon 2020), et participent à 58 % des projets collaboratifs. En parallèle, Horizon Europe continue de s’ouvrir à l’international : 19 pays sont déjà associés, dont le Royaume-Uni, la Suisse, le Canada ou la Corée du Sud, renforçant ainsi les réseaux scientifiques globaux.
Un impact concret sur les défis mondiaux
Dans des domaines clés du programme, le rapport met en lumière des réussites tangibles :
- Santé : mise sur le marché d’un nouvel antibiotique contre les bactéries multirésistantes, soutien à la recherche contre le mpox ;
- Climat et économie circulaire : projets CISUTAC, REVaMP et CONSTRAIN pour une industrie plus verte et une modélisation climatique plus précise ;
- Numérique et IA : développement de plateformes de traitement d’images médicales et de solutions logistiques prédictives dans les ports européens ;
- Sécurité : technologies innovantes pour la détection sous-marine, la cybersécurité et la résilience des infrastructures critiques.
Vers une simplification accrue et une meilleure valorisation des résultats
L'évaluation souligne par ailleurs des progrès dans la simplification des procédures, notamment via les subventions forfaitaires (lump sums), qui réduisent jusqu'à 30 % les coûts administratifs pour les bénéficiaires, soit 63 millions d'euros d’économies potentielles sur les projets déjà signés.
Toutefois, des marges d’amélioration demeurent, en particulier sur la valorisation des connaissances : seules un tiers des inventions brevetées par des universités atteignent le marché. La Commission entend donc renforcer les instruments de transfert technologique et favoriser la création de spin-offs académiques.
Talents, équité et genre : Horizon Europe comme moteur d’une Europe inclusive
Le programme mise résolument sur les compétences et les talents. Les actions Marie Skłodowska-Curie soutiennent la carrière de jeunes chercheurs, tandis que l’initiative Choose Europe vise à fidéliser les meilleurs talents scientifiques sur le continent.
Côté genre, les indicateurs sont en progression :
- Plus de 50 % des experts dans les panels sont des femmes ;
- Les consortia dirigés par des femmes sont passés de 24 % à 31 % en moins de 4 ans.
Des ajustements nécessaires pour les trois prochaines années
Si Horizon Europe atteint ses objectifs avec rigueur et ambition, plusieurs pistes d’amélioration ont été identifiées :
- Clarifier et réduire la complexité des appels à projets, jugés parfois trop nombreux (1060 topics sur plus de 3 000 pages) ;
- Renforcer la visibilité et l’efficacité des Missions européennes, perçues comme trop fragmentées et peu différenciées du programme principal ;
- Accroître la coordination des investissements nationaux pour mieux cibler les priorités stratégiques de l’UE.
Le bilan à mi-parcours d’Horizon Europe dresse un constat clair : la recherche et l’innovation sont au cœur de la puissance stratégique de l’Europe. Par son efficacité, sa capacité d’entrainement économique et sa contribution aux grands enjeux planétaires, Horizon Europe s’impose comme un pilier essentiel de la souveraineté technologique et de la résilience européenne.
À l’heure où se dessine le prochain cadre financier pluriannuel, l’enjeu est désormais de pérenniser ces acquis, d’amplifier les effets de levier du programme, et de garantir que chaque euro investi en R&I contribue à forger une Europe plus compétitive, durable et solidaire.