Publié le 19.12.2022

Témoignage

Coordonner un projet : retour d'expérience, 3

Témoignage 2
Dans cette série de témoignages, le PCN Cluster 2 Culture, créativité et société inclusive invite les lauréats coordinateurs à venir témoigner sur leur projet : pourquoi déposer ? Pourquoi coordonner un projet ? Quels ont été les difficultés, les risques au cours de leur candidature ? Quels sont leurs conseils ? Une série de 5 témoignages pour saisir la variété des profils des déposants, et leur intérêt pour les projets européens.

3e témoignage : Véronique Chankowski, coordinatrice du projet Anchise en réponse à l'appel à projets 2022 Heritage 01 07

Véronique Chankowski, professeur d'histoire égéenne et d'économie antique à l'Université Lyon 2 (France), est actuellement directrice de l’École française d'Athènes, centre de recherche français en Grèce. Elle a étudié la philologie grecque, l'histoire ancienne et l'archéologie du monde grec antique et a mené des recherches de terrain en Grèce et en Bulgarie. Elle est l'auteur de nombreuses publications sur la société et l’économie de la Grèce ancienne et a dirigé plusieurs programmes de recherche, dont un projet H2020 sur la protection du patrimoine culturel (Netcher).

Quel est l’appel à projet auquel vous avez candidaté et quel est votre projet ?

J’ai candidaté à l’AAP du cluster 2 Protection of artefacts and cultural goods from anthropogenic threats dans le cadre d’Horizon Europe.

Le projet ANCHISE (Applying New solutions for Cultural Heritage protection by Innovative, Scientific, social and economic Engagement’):
ANCHISE - ‘Applying New solutions for Cultural Heritage protection by Innovative, Scientific, social and economic Engagement’ vise à offrir aux sociétés européennes des méthodes, des connaissances et des outils efficaces pour renforcer la protection du patrimoine culturel contre le pillage et le trafic illicite.

En croisant la méthodologie de mise en réseau qui a prouvé son efficacité dans le projet H2020 NETCHER avec les résultats innovants des développements des nouvelles technologies (3D/photogrammétrie pour la surveillance des sites, ingénierie des données et IA pour l'identification des objets aux frontières et la protection des collections du patrimoine, signature spectrale de fluorescence pour l'authentification des objets), ANCHISE créera un ensemble d'outils opérationnels applicables aux contextes européens et reproductibles dans d'autres situations à l'étranger. L'objectif du projet est d'apporter des solutions coordonnées aux principaux besoins existants dans le domaine de la protection du patrimoine culturel : 1) Comprendre, 2) Prévenir, 3) Agir, 4) Réparer.

ANCHISE sera composé de : 1) un pôle de sciences sociales, politiques et économiques (pour des résultats approfondis susceptibles de conduire à des évolutions structurelles dans la protection du patrimoine), 2) une évaluation à grande échelle des technologies et des besoins, 3) une boîte à outils de solutions innovantes, 4) des zones d'expérimentation pilotes (musées, contrôle des frontières, sites archéologiques), et 5) un réseau unique et étendu de praticiens. 9 démonstrations impliqueront au moins 150 praticiens. Des lignes directrices et des procédures sur l'utilisation des outils ANCHISES seront largement diffusées (INTERPOL, PANDORA, institutions en charge du patrimoine culturel).

Le Consortium est un partenariat fort entre les principaux acteurs de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels : entreprises (PARCS, ICONEM, INOV), centres de recherche (FRAUNHOFER, ICCS, Institut de Chypre), universités (Ecole Française d'Athènes, Université Lyon 2, Université de Poitiers, EUI Florence, Université de Technologie de Chypre), praticiens (Ecole Nationale de Police, ICOM), et associations (Michael Culture).

Qu’est-ce que la participation à un projet collaboratif européen vous permet de réaliser que vous n’auriez pas pu réaliser autrement ?

Si les financements ERC permettent de réaliser un projet de recherche personnel à un niveau de coordination d’équipe et d’efficacité accrue, les projets Horizon Europe se conçoivent dans un esprit un peu différent puisqu’il s’agit de répondre à une demande formulée initialement par la Commission européenne. Dans le cadre d’un projet HE, c’est le monde de la recherche qui se trouve confronté au défi de mettre en relation des compétences pluridisciplinaires, au service de la société.

J’ai toujours tiré un grand profit intellectuel et méthodologique de cet élargissement qui, dans le cas d’ANCHISE, va faire coopérer des établissements et des professions qui n’ont pas aisément l’occasion de communiquer ensemble et de confronter leurs méthodes. C’est aussi une formidable opportunité de travailler à la diffusion des méthodes et des apports des SHS, capables de faire entendre leur voix propre dans la coordination d’un projet qui conjoint humanités, nouvelles technologies, sécurité, valorisation en direction des publics.

Que retirez-vous de cette candidature ?

La participation au défi européen demande certes un grand investissement, mais permet d’élargir, d’approfondir et d’amplifier considérablement son champ d’action. C’est aussi un exercice de rigueur auquel les professions de recherche sont tout particulièrement préparées.