Publié le 30.11.2021

Lauréat du trophée Étoiles de l'Europe 2021

Appliquer les préceptes de l’économie circulaire à l'agriculture

Le projet NoAW s’est fixé pour objectif de réduire et valoriser les déchets générés par les activités agricoles et alimentaires. Pour relever ce défi, le consortium s’est focalisé sur la conception de nouvelles approches capables d’éco-convertir les résidus agricoles en bioproduits de type bioénergies et bioplastiques, efficaces du point de vue environnemental, économique et sociétal.

Présentation du projet

En Europe, les déchets émanant de l’agriculture représentent 50% du poids des récoltes et une énergie potentielle de 90 millions de tonnes d’équivalent pétrole. Loin d'être négligeable, cette ressource reste toutefois difficile à utiliser dans les réacteurs à biogaz reposant sur la digestion anaérobie. Cette technologie qui se répand sur les exploitations agricoles reste en effet perfectible du fait de son faible rendement et de difficultés d’approvisionnement en matière première.

En mettant en œuvre les principes de l’économie circulaire, le projet NoAW avait pour ambition de faire émerger des solutions innovantes permettant de valoriser l’intégralité des déchets agricoles inévitables et inutilisés. Le consortium s’est plus particulièrement focalisé sur la conversion des résidus de productions vinicoles (sarments), de blé (paille) et animales  fumier), en produits éco-efficaces à haute valeur ajoutée tels que les bioplastiques, les biofertilisants et le biogaz.

Constitué d'une trentaine de partenaires, issus à part égale du monde académique et de l'industrie, NoAW a su mettre en relation leurs compétences pour développer des approches et des dispositifs combinant les sciences environnementales et économiques avec les sciences du vivant, de la chimie et des procédés. Le consortium a en outre conçu des outils d’évaluation afin de mieux appréhender les exigences des parties prenantes ainsi que l’impact environnemental, dès la conception, des nouveaux produits et procédés développés durant le projet.

90 millions de tonnes d’équivalent pétrole : énergie correspondant aux déchets agricoles

Ce programme de recherche et innovation a donné lieu à plus de 50 articles scientifiques dans des revues à comité de lecture dont la moitié ont été co-rédigés par plusieurs membres du consortium. Parmi toutes ces publications, un article diffusé dans le journal Critical Reviews in Environmental Science and Technology, auquel ont contribué les principaux partenaires, récapitule les enjeux à la fois écologiques, économiques, sociétaux et territoriaux associés au projet.

Une des principales avancées de NoAW est le développement d’une unité pilote combinant digestion anaérobie et production de biopolyesters biodégradables. Installé sur une exploitation agricole italienne, ce démonstrateur permet de convertir un large éventail de résidus agricoles en méthane transformé à son tour en hydrogène. Les acides gras volatils résultant de cette digestion anaérobie en deux étapes sont transformés en continu en biopolyesters biodégradables ayant une valeur ajoutée bien plus élevée que les biogaz et substituts potentiels aux polymères pétrochimiques persistant dans notre environnement. Le troisième produit de cette unité est le digestat utilisable comme fertilisant. Un autre résultat important concerne la mise au point d’un pré-traitement capable de fragiliser la lignine, étoffant ainsi la gamme de matières premières aptes à la digestion anaérobie.

Parmi les solutions visant à recycler les co-produits des activités agricoles figurent aussi l’élaboration de formulations d’emballages composites mélangeant sarments de vignes et biopolyesters microbiens pour mieux préserver nos aliments ou encore l’extraction de composés polyphénoliques antioxydants et antimicrobiens à partir de résidus vinicoles, laissant entrevoir une possible exploitation commerciale dans les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques.

Les innovations du projet NoAW permettent d’ores et déjà de convertir une large gamme de résidus agricoles en énergie, en bioplastiques biodégradables, en engrais et autres bio-produits à haute valeur ajoutée. Ils devraient à terme pouvoir se substituer à de nombreux produits non-renouvelables et non biodégradables issus de la pétrochimie sans entrer en compétition avec la production alimentaire.

Infos clés

Budget total : 7,8 millions €
Durée : 4 ans et 4 mois
Coordinateur : INRAE
Montpellier, Occitanie
Tutelles : INRAE / Université de Montpellier / Montpellier SupAgro